Dans l’objectif de faire connaitre la Bible au plus grand nombre, le projet de la Bible en français courant s’inscrit dans le renouveau de la traduction biblique des années 1970.
En effet, pendant les années 1960 et 1970 la linguistique structurelle proposait de nouvelles façons de comprendre le fonctionnement d’une langue. Des biblistes et traducteurs bibliques appliquaient ces nouvelles méthodes à la traduction et remettaient en cause certains principes traditionnels de la traduction de la Bible. Ils disaient que pour bien traduire, en passant des langues bibliques aux langues contemporaines, il fallait trouver dans la langue réceptrice (ou langue cible) les équivalences de sens et pas seulement les équivalences grammaticales. Ainsi, ce ne sont pas tant les mots qui sont traduits que les composantes sémantiques de la phrase, quitte à les organiser autrement que le grec ou l’hébreu. Le traducteur renonce à tout décalque pour s’efforcer de rendre accessible au plus grand nombre le sens du texte. Le terme technique est traduction par « équivalence dynamique » (ou « équivalence fonctionnelle »).
Une figure influente était un traducteur biblique américain Eugène Nida. Il proposait cette méthode de traduction biblique à équivalence fonctionnelle ou dynamique et a développé une méthodologie pour arriver à une traduction à équivalence fonctionnelle fidèle au texte biblique d’origine.
Selon Nida : « L’équivalence dynamique est la qualité d’une traduction dans laquelle le message du texte original a été transféré dans la langue réceptrice d’une manière telle que la réponse du récepteur à ce message est essentiellement la même que celle des premiers récepteurs. »
Il explique : « Les récepteurs d’une traduction doivent suffisamment comprendre le texte traduit pour percevoir comment les récepteurs originaux ont dû comprendre eux-mêmes le texte original. Le traducteur doit chercher une série de formes fonctionnellement équivalentes qui équivaudront au sens du texte original dans la langue source. »
En anglais, cela a amené à un nouveau style de Bible en langue courante. Le Nouveau Testament est publié d’abord aux États-Unis sous le titre « Good News for Modern Man » (1966) ou « Good News Bible » par la suite, anglicisé par la British and Foreign Bible Society. En 1976, l’Ancien Testament est publié à son tour. En 1979, on ajoute des livres deutérocanoniques.
Une des caractéristiques aussi de cette bible sont les illustrations de la Suissesse Annie Vallotton, pour aider à faire comprendre le sens du texte biblique au lecteur moderne.
En français, celui qui a relayé les principes de traduction d’Eugène Nida était le pasteur réformé suisse et conseiller en traduction de l’Alliance biblique universelle (1966-2004) Jean-Claude Margot, auteur de « Traduire sans trahir », 1979. C’est lui qui a beaucoup œuvré dans l’équipe de traducteurs de la Bible en français courant.
Contrairement à ce que son nom pourrait induire faussement, la BFC n’est pas du français relâché ou limité, ni de l’argot. Il s’agit d’une traduction en bon français contemporain pour un large public à vocabulaire étendu, dont la spécificité est d’être à équivalence dynamique.
La démarche de la BFC n’est pas essentiellement une démarche de vocabulaire, mais de méthode de traduction. Elle veut transposer au mieux la complexité et les richesses des textes hébreu et grec en mobilisant toutes les ressources propres à la langue cible.
Le Nouveau Testament a été publié en 1971 avec plusieurs versions illustrées, notamment avec les dessins d’Annie Vallotton. Il portait le sous-titre Bonnes nouvelles aujourd’hui.
La première équipe de traducteurs de la Bible entière fut composée de Mme Christiane Dierterlé, bibliste de l’Église réformée, l’Abbé Pierre Sandevoir, et les pasteurs Jean-Marc Babut, Jean-Claude Margot et René Peter-Contesse. Elle été publiée en 1982.
On remarque que l’équipe de traducteurs était interconfessionnelle dès le départ. C’est une des caractéristiques de la Bible en français courant. Le NT et a reçu l’Imprimatur en 1973. Au moment de la première publication en 1982, l’AT utilisait les livres deutérocanoniques de la TOB. On a ajouté la traduction propre en français courant des deutérocanoniques, réalisés par des catholiques canadiens, en 1985. La BFC a reçu l’Imprimatur à ce moment-là. À cette époque, la BFC suivait la TOB en utilisant l’ordre hébraïque des livres et rassemblant les deutérocanoniques à la fin de l’Ancien Testament. Aujourd’hui, elle est publiée en deux versions, avec ou sans les deutérocanoniques.
Suisses, canadiens… l’autre caractéristique de la Bible en français courant : elle était pour toute la francophonie, non seulement pour l’Europe et le Canada, mais aussi pour l’Afrique francophone.
La Bible en français courant publiée aujourd’hui date non de 1985 mais de 1997, suite à des corrections et rectifications. En effet, une première révision intervient relativement rapidement. Voici comment elle est présentée :
La traduction du Nouveau Testament en « français courant » est déjà bien connue du public francophone. Comme l’édition de 1971, la présente révision de 1996, menée par une équipe interconfessionnelle sous la direction de Jean-Claude Margot, s’efforce de rendre avec précision le texte original au moyen de termes et de tournures qui sont d’un emploi courant aujourd’hui. Elle tend ainsi à suivre l’exemple des auteurs eux-mêmes, puisqu’ils ont employé la langue courante de leur époque.
Certaines questions soulevées à l’occasion de la traduction en « français courant » de l’Ancien Testament (publiée en 1982), ainsi que les remarques de lecteurs et un examen systématique du texte ont rendu nécessaire la présente révision. On a revu la façon de traduire certaines notions pour s’assurer que le sens actuel des termes français utilisés corresponde exactement à celui des termes grecs dans leur contexte. La traduction des expressions stéréotypées qui se retrouvent dans divers livres de la Bible a été harmonisée. Enfin, le style a été allégé d’explicitations qui se sont révélées superflues à l’usage.
Statistiques de la BFC
C’est une des Bibles françaises les plus connues et répandues. Pour donner des chiffres récents : en 2014 plus de 75 000 exemplaires en ont été vendus dans le monde, et plus de 100 000 exemplaires d’éditions partielles comme le NT, les évangiles ou les Psaumes. C’est aussi cette version qui est utilisée dans le grand succès jeunesse ZeBible (2011), ainsi que dans la Bible Expliquée (2004).
La tendance est à la baisse en 2017, environ 50 000 Bibles complètes, mais c’est dans un contexte de difficultés croissantes des sociétés bibliques africaines, le défi des Bibles numériques et l’attente de la NFC !
La BFC figure également, avec la TOB, dans les éditions interlinéaires grec et hébreu et elle sert de modèle aux traducteurs de la Bible dans le monde entier : la plupart des projets de traduction dans une trentaine de pays francophones s’appuient largement sur la TOB et la BFC.
Enfin, la Bible en français courant est largement utilisée dans le cadre du catéchisme dans de nombreuses paroisses, et en milieu scolaire, dans les aumôneries ou les cours de religion pour les pays concernés.
Toutes les éditions de la BFC sont présentées sur le site Bibli’O.